Le président Emmanuel Macron a annoncé dimanche la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation d’élections législatives, un coup de tonnerre politique et un pari risqué après la victoire historique de l’extrême droite aux élections européennes en France.
Les élections législatives auront lieu les 30 juin et 7 juillet prochains, a annoncé le chef de l’Etat, défendant une « décision grave, lourde ». « Mais c’est avant tout un acte de confiance », a-t-il assuré.
Avec 31,5 à 32% des voix selon les instituts Ipsos et Ifop, le parti d’extrême droite Rassemblement national de Jordan Bardella a frappé un grand coup aux européennes, réalisant son meilleur score dans une élection nationale (hors second tour) et va contribuer de manière décisive à la montée en puissance du camp nationaliste et souverainiste au Parlement européen, principal enseignement du scrutin au niveau des Vingt-Sept.
La liste macroniste de Valérie Hayer, eurodéputée sortante inconnue du grand public, est reléguée très loin derrière avec moins de la moitié des voix, à environ 15%, talonnée par le social-démocrate Raphaël Glucksmann, 44 ans, qui s’inscrit entre 14 et 14,3%, soit plus du double de son résultat de 2019.
Pour justifier ces élections anticipées, Emmanuel Macron a fait valoir que la France avait « besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde » et a souligné avoir « entendu » le message des Français et leurs préoccupations ». « Je ne les laisserai pas sans réponse », a-t-il assuré.
De fait, le camp présidentiel, déjà en situation de majorité relative au Parlement national, pourrait être contraint à une cohabitation en cas de victoire du RN à quelques jours des Jeux olympiques de Paris.
– Echec cuisant –
« Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance », a réagi la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, arrivé deux fois derrière Emmanuel Macron aux élections présidentielles de 2017 et 2022, et qui vise l’échéance de 2027 pour entrer à l’Elysée.
Tête de liste du RN aux européennes, Jordan Bardella, 28 ans, a quant à lui accueilli ce résultat « avec humilité, avec gravité » devant une foule de partisans galvanisés, après avoir salué un « score historique » pour son parti.
C’est un échec cuisant pour la majorité macroniste qui, en 2019, n’était distancée que d’un seul point par le Rassemblement national (23,34% pour le RN contre 22,42% pour la majorité). Et un coup dur pour Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir en 2017 avec la volonté de renforcer l’influence française au sein de l’Union européenne, et avec la promesse d’éradiquer les extrêmes sur la scène nationale.
La victoire de l’extrême droite en France était attendue : Bardella, qui a concentré son discours sur les thèmes de l’immigration, de la sécurité et du pouvoir d’achat, a caracolé en tête pendant toute la campagne, loin devant Valérie Hayer.
Avec ses formules travaillées, son aisance médiatique, il a su s’imposer en moins de cinq ans dans un paysage politique français en plein renouvellement, et a poursuivi la stratégie de dédiabolisation du parti de l’extrême droite française, entamée il y a une décennie par Marine Le Pen.
– « Champ républicain » –
Pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, le camp Macron « donnera l’investiture » aux députés sortants, y compris d’opposition, « faisant partie du champ républicain » et souhaitant « s’investir dans un projet clair » autour de la majorité présidentielle, a déclaré dimanche à l’AFP Stéphane Séjourné, secrétaire général du parti Renaissance et ministre des Affaires étrangères.
De son côté, le nouvel homme fort de la gauche, Raphaël Glucksmann a souligné sa responsabilité « désormais immense en Europe et en France ».
« Ce que nous allons faire émerger, c’est un nouvel espace politique en France et en Europe fondé sur l’attachement viscéral à la démocratie, à la liberté, à l’écologie, à la solidarité. Et c’est cet espace politique qui empêchera l’extrême droite de prendre le pouvoir », a-t-il estimé.
Quand aux Verts, qui ont obtenu un score historique de 13,4% en 2019, s’écroulent tout en restant légèrement supérieur à 5%, le seuil minimum pour obtenir des eurodéputés en France.
Les élections européennes en France auront aussi été marquées par une poussée relative de la gauche radicale représentée par La France insoumise (LFI) et Manon Aubry : 8,7% contre 6,3% des voix en 2019.
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